Nouvel espoir pour les patients atteints de lésions cérébrales : des
chercheurs de l’université de Tel-Aviv ont découvert que le
traitement par oxygène hyperbare aide à récupérer des facultés
cognitives comme la mémoire et la capacité de concentration, des années
même, après la survenue d’un traumatisme crânien ou d’un accident
vasculaire cérébral, (AVC).
Les lésions cérébrales résultant de traumatismes crâniens ou d’AVC
sont causes de graves dommages, aussi bien physiques que psychologiques
et cognitifs. Jusqu’à présent, les traitements de ces lésions relevaient
essentiellement du domaine de la réadaptation, et leurs résultats
étaient donc limités. Une nouvelle étude du département de neurologie de
l’université de Tel-Aviv, réalisée en collaboration avec le Centre
médical Assaf Harofeh, a dévoilé que le traitement en caisson hyperbare
améliore considérablement l’état de santé des personnes atteintes de ces
lésions. Les résultats de l’étude ont été publiés cette semaine dans la
revue PLOS ONE
“L’idée selon laquelle il est possible de soigner les lésions
cérébrales par un traitement sous oxygène à haute pression existait déjà
dans les années 90 » explique le Professeur Eshel Ben-Jacob,
spécialiste de l’Ecole de Physique et de l’Ecole de Neurobiologie de
l’<Université de Tel-Aviv, “mais elle n’a pas été développée, parce
qu’elle contredisait la conception alors en vigueur selon laquelle la
plasticité du cerveau est présente uniquement pendant l’enfance, et
durant une très courte période après la survenue d’une lésion”.
Les patients ont pu récupérer des capacités qu’ils avaient perdues
L’étude a été réalisée sur 60 patients atteints de lésions cérébrales
à différents niveaux, dits chroniques, car leur état avait cessé de
s’améliorer. Ces participants ont été soumis à des sessions spéciales
d’oxygénothérapie hyperbare en caisson de compression, généralement
utilisés en médecine dans le cas d’accidents de plongée. Au cours du
traitement, le fonctionnement cérébral des patients a été contrôlé au
moyen de dispositifs de visualisation avancés. Les résultats sont
probants: il s’avère que l’oxygène à taux élevé permet de réveiller les
neurones “endormis”, de stimuler leur plasticité et d’améliorer le
fonctionnement cérébral des malades, longtemps même après la survenue de
la lésion. Après des années de handicap et de dépendance, ils ont pu
récupérer leur mémoire, ainsi que leurs capacités de concentration, de
compréhension, de traitement de l’information, de lecture et
d’orientation.
Bien que l’étude ait été réalisée sur des personnes dont l’atteinte
cérébrale remontait de un à six ans, le Dr Efrati, chercheur à la
Faculté de Médecine de l’université de Tel-Aviv< et directeur de
l’Institut de Médecine hyperbare du Centre médical Assaf Harofeh, a déjà
constaté une amélioration semblable chez des patients dont les lésions
remontaient à plus de 20 ans. " Les résultats sur le terrain sont très
clairs et nous ont profondément surpris, à la fois comme chercheurs et
comme soignants".
L’explication du succès de ce traitement s’explique, d’après les
chercheurs, par la haute concentration d’oxygène parvenant aux tissus
cérébraux. D’après le Dr Efrati, les neurones endommagés par les lésions
restent vivants, mais ne reçoivent pas suffisamment d’énergie pour
revenir à un fonctionnement normal. “Le cerveau consomme 20 % de
l’oxygène du corps, mais cette quantité ne peut faire fonctionner que 5 à
10 % des neurones simultanément. Le processus de régénération des
cellules nerveuses requiert davantage d’énergie. Aussi, l’accroissement
par dix du niveau d’oxygène au cours de la thérapie hyperbare fournit-il
l’énergie nécessaire à la restauration des connexions nerveuses et à la
stimulation des neurones inactifs, améliorant ainsi grandement le
processus de guérison”, explique-t-il.
Une future thérapie “anti-âge” pour le cerveau
Le succès impressionnant de cette étude éveille de nombreux espoirs
chez les chercheurs: “Nous croyons au potentiel de la thérapie en
caisson hyperbare pour le traitement d’un grand nombre de maladies liées
au cerveau” conclut le Prof. Ben-Jacob. "Nous savons aujourd’hui que
beaucoup de troubles cérébraux sont dus à une déficience en apport
d’énergie au cerveau. Le problème peut se présenter, par exemple, chez
les personnes âgées, chez qui le sang parvient moins bien au cerveau. Il
est donc fort possible que ce nouveau traitement puisse aider pour la
prévention de la maladie d’Alzheimer et de la démence vasculaire. Et qui
sait, un jour peut-être pourrons-nous arriver à une thérapie “anti-âge”
qui le renforcera et préservera son fonctionnement jusqu’à la fin de la
vie.
L’Etat du Texas envisage déjà de financer ce traitement novateur pour
ses citoyens souffrant de lésions résultant de traumatismes crâniens et
ses soldats revenus d’Irak ou d’Afghanistan avec des troubles
post-traumatiques.