En analysant de nombreux échantillons sanguins, des chercheurs états-uniens ont identifié un nouveau biomarqueur du diabète. Il s’agit d’une molécule qui, produite très tôt, pourrait aider au dépistage précoce de la maladie. Son rôle est encore mystérieux, mais elle devrait ouvrir la voie à des pistes de traitement sérieuses.
Détecter le diabète avec dix ans d’avance
Les scientifiques ont récupéré des échantillons
sanguins vieux de 12 ans, appartenant à 376 personnes dont la moitié est
ensuite devenue diabétique. Grâce à des technologies de chromatographie et de spectrométrie de masse, ils ont pu analyser la composition de ces prélèvements et ont découvert qu’une petite molécule, l'acide
alpha-aminoadipique (2-AAA), était plus abondante chez les futurs
diabétiques. La présence de ce biomarqueur est indépendante de celle
d’autres facteurs connus pour favoriser le diabète, comme l’obésité, la glycémie et l’inactivité physique.
En compilant leurs informations, les auteurs estiment que les individus
présentant un niveau élevé de 2-AAA ont un risque quatre fois plus
important de déclencher un diabète de type 2.
Pourquoi les diabétiques ont-ils un taux élevé de
2-AAA dans leur sang bien avant que la maladie ne se développe ? Pour
répondre à cette question, les chercheurs ont injecté du 2-AAA à des
souris bénéficiant d’une nourriture équilibrée ou riche en graisses. Ils
ont ensuite analysé des échantillons de leur sang : ils ont constaté
une baisse de la glycémie chez les rongeurs, quel que soit leur régime alimentaire. En d’autres termes, le 2-AAA semble participer au métabolisme du glucose chez la souris.
Un rôle clé dans le contrôle de la glycémie
Pour confirmer ces résultats, les scientifiques ont analysé en détail l’effet de l’acide alpha-aminoadipique sur des cellules pancréatiques de souris et d’Homme. Ces cellules sont essentielles au contrôle de la glycémie car elles fabriquent l’insuline, l’hormone
qui permet au glucose du sang de pénétrer dans les différents organes.
Leurs résultats ne les ont pas déçus : que ce soit chez l’Homme ou chez
la souris, le 2-AAA participe à la glycémie en améliorant la production
d’insuline par les cellules pancréatiques.
Ainsi, le 2-AAA influencerait le fonctionnement du pancréas et contrôlerait l’hyperglycémie.
Chez les personnes en passe de devenir diabétiques, cette molécule
serait produite très tôt pour résister au développement de la maladie,
avant même que l’on ne puisse observer ses effets néfastes sur la santé.
Elle pourrait donc servir de biomarqueur efficace pour le dépistage
précoce du diabète.
Bien que de nombreuses expériences restent à faire,
cette étude ouvre une piste vers l’élaboration d’un traitement contre le
diabète. Les chercheurs souhaitent maintenant étudier le mécanisme par
lequel le 2-AAA régule la fonction des cellules pancréatiques, et
analyser l’effet de cette molécule chez l’Homme.
Source: futura-sciences
