Des chercheurs ont montré que la photothérapie, bien dosée, pouvait avoir des effets positifs sur des souris atteintes de sclérose en plaques. Le traitement n’agirait pas au niveau du système immunitaire, mais améliorerait la santé des mitochondries, ce qui se répercute sur celle des cellules cérébrales.
La sclérose en plaques constitue une maladie du système nerveux central qui se caractérise par la perte progressive de la gaine de myéline entourant les axones des neurones. L’information nerveuse passe mal, et en découlent de nombreux symptômes visuels, sensitifs, moteurs ou digestifs. Elle est classée parmi les maladies auto-immunes, car on accuse les défenses de l’organisme d’être à l’origine de la destruction de cette gaine protectrice.
Or, des chercheurs de l’université du Wisconsin-Milwaukee (États-Unis), dirigés par Jeri-Anne Lyons, pensent que le problème est plus complexe. En effet, les traitements actuels, ciblant le système immunitaire,
ne suffisent ni à guérir ni à prévenir complètement de nouvelles
poussées sclérotiques, mais seulement à les ralentir. Ils supposent donc
qu’il y a d’autres facteurs sous-jacents, intervenant peut-être même à
un niveau plus précoce, qui seraient impliqués. Les scientifiques
suggèrent que les mitochondries, organites cellulaires chargés de fournir de l’énergie, font face à une situation de stress et se dégradent, ce qui se répercute sur l’intégrité cellulaire.
Il a précédemment été montré que les symptômes pouvaient être atténués chez des souris par l’exposition à une lumière particulière et à une dose précise. Dans Plos One,
ces scientifiques réitèrent la performance et se risquent à une
explication : la longueur d’onde utilisée serait bénéfique pour la santé
des mitochondries, en limitant les molécules qui les agressent, et en évitant ainsi la mort de la cellule cérébrale.
Des mitochondries qui aiment la lumière proche infrarouge
Ces travaux ont en réalité démarré après qu’on a conseillé à Jeri-Anne Lyons, spécialiste de la sclérose en plaques,
de tester l’effet de la photothérapie contre cette maladie. Sceptique
au début, elle s’est rendu compte que les souris utilisées pour
modéliser la pathologie se portaient mieux après une exposition à une lumière d’une longueur d’onde de 670 nm, que l’on qualifie de proche infrarouge. Elle a donc voulu en comprendre les raisons.
In vivo et in vitro,
souris et cellules ont été alternativement exposées à la longueur
d’onde idoine avant d’être passées au crible afin d’étudier l’expression des gènes. Cette étude révèle principalement deux choses. D’abord, que la photothérapie semble atténuer le stress
oxydant chez les mitochondries, ce qui limite la dégradation des
composants cellulaires. Selon leur hypothèse, la lumière proche infrarouge stimulerait la liaison entre une enzyme des organites (le cytochrome C oxydase) avec les composés oxygénés réactifs, préservant ainsi le métabolisme cellulaire.
D’autre part, elle révèle également que pour une exposition à une longueur d’onde de 670 nm, les gènes impliqués dans le blocage de l’apoptose (le suicide cellulaire),
sont surexprimés, ce qui se traduit inexorablement par une diminution
de la perte cellulaire. Ils pensent avoir ainsi caractérisé au moins
deux effets expliquant l’impact thérapeutique de la photothérapie contre
la sclérose en plaques.
La photothérapie, un traitement d’avenir ?
Bien qu’il y ait un certain scepticisme d’une partie de la communauté scientifique vis-à-vis de l’efficacité réelle de la lumière
contre des troubles aussi graves, les auteurs apportent là des éléments
nouveaux tentant d’expliciter d’un point de vue scientifique les
mécanismes impliqués. Reste à voir si ces résultats vont convaincre tout
le monde.
De précédentes études ont annoncé le potentiel de la
photothérapie contre bon nombre de conditions : des rats devenus
aveugles suite à un empoisonnement auraient retrouvé une partie de leur vision,
les escarres cicatriseraient mieux, et un autre chercheur de cette
université américaine, Chukuka Enwemeka, prétend aussi avoir tué 92 %
des staphylocoques dorés résistants aux antibiotiques
sous une lumière bleue particulière. Là encore, ces scientifiques
pensent que ces longueurs d’onde spécifiques affecteraient l’activité
mitochondriale. Mais ce dernier exemple ne relève encore que de la
supputation.
Source: futura-sciences